L’unique retombée palpable du sommet extraordinaire des chefs d’État de l’EAC à Bujumbura aura été le face-à-face protocolaire entre les deux voisins ennemis de la région des Grands lacs, Félix Tshisekedi et Paul Kagame. Poignée de main évitée par le président congolais, dernier à atterrir à Bujumbura et à entrer dans la salle du conclave.06
Si la réunion des chefs d’État a mobilisé les principaux acteurs de la crise sécuritaire de l’Est congolais, elle n’a vraiment pas permis aux populations congolaises de croire en l’efficacité de la Communauté des États de l’Afrique de l’est (EAC) dont les sommets successifs n’ont jamais rien produit de concret sur le terrain des hostilités militaires entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et la coalition RDF-UPDF-M23. Ce qui fait dire à des observateurs que cette communauté n’est d’aucune opportunité pour la République démocratique du Congo.
Michaël Tshibangu, juriste de formation et président de l’Association pour le développement et la démocratie au Congo (ADDC), se décourage d’une EAC inapte et impuissante vis-à-vis des bourreaux de la RDC : “l’un des principaux problèmes de l’EAC est la présence des agresseurs. Comme les décisions sont prises collectivement par les chefs d’État, il ne faut pas s’attendre à ce que le Rwanda accepte des choses qui vont à l’encontre de ses intérêts”, a-t-il réagi samedi 4 février 2023.
Pour sa part, Nicole Kavira, leader du groupe des indignés (mouvement citoyen) de la RDC, s’oppose farouchement à tout nouveau déploiement des troupes étrangères sur le sol congolais. “Ils veulent encore ajouter une autre force militaire en RDC ? De l’irresponsabilité”, a-t-elle râlé.